Il produit du houx depuis plus de vingt ans
À Bio, dans le Lot, Dominique Arnaud produit depuis vingt-deux ans du gui et de houx. Sur le marché de Cahors, il est le dernier vendeur.
C’estune tradition en voie de disparition. MaisDominique Arnaud résiste. À Cahors, sur le marché, l’agriculteur est le dernier à vendre du houx et du gui pour les fêtes de fin d’année. « La tradition se perd. Avant on était dix sur le marché. Ily avaitun gars à l’angle, son père à côté, moi, puis 7 autresvendeurs au milieu sur la place », se souvient le producteur en montrantla place Chapou du doigt, devant la cathédrale. Aujourd’hui, il n’y a plus que lui. Le dernier des Mohicans. Etsesbouquets sont devenustrop nombreux. « Avant, je pouvais vendre jusqu’à 2000 bouquets rien qu’aumois de décembre. Aujourd’hui, je n’en vends plus que 500 en moyenne », raconte encore l’agriculteur quia connu l’âge d’or de cette tradition de Noël et de la Saint-Sylvestre. L’année dernière, il est resté avec 100 bouquets sur les bras : ils n’avaient pas trouvé preneur.
L’agriculteurde Bio, près de Gramat, a brûlé le surplus.
Maisvoilà. Perte de vitesse ou pas, Dominique Arnaud esttoujours là, tous les hivers depuis vingt-deuxans. Car pour lui, cette activité spécifique à la magie de Noël a aussi un argument économique. Surtout pour ce producteur de noix qui vientd’essuyer une récolte catastrophique. « Cette année, j’ai subi 80 % de perte à cause dugelpuis de la pluie excessive. C’estla pire année depuis que j’ai repris l’exploitation de mon père », lâche, dépité, celui qui était chau eur routier avant de devenir éleveur. La vente de gui et de houx (compter 4,50 € le bouquet de houx et 4€ le bouquet de gui) représente uncomplément « intéressant » pour le producteur. « Disons que ça permet de faire les cadeaux de fin d’année et un bon repas du réveillon », précise-t-il.
Suspenduau-dessus de la porte d’entrée
À Bio, il cultive 50 hectares dont 25 pour ses bovins et deux hectares et demi pour sesvergers. Le reste estconsacré auxnoyers, aux champignons – depuis l’automne, ses girolles se vendentcomme des petits pains– et à ses arbres« de Noël», le gui et le houx. Desarbres quipeuvent mesurer jusqu’à 7 ou 8mètres de hauteur et quine nécessitentpasd’entretienparticulier, sauf, de couper les branches, une fois paran. Pour le reste, c’estla magie qui opère. Oupas. « Une année, mon houx n’a pas fleuri. Et quand iln’a pas de boule rouge, iln’ya rienà faire : personne n’en veut », glisse-t-il.
Pierre, un Cadurcien attaché aux traditions, vient tous les ans acheter sa branche de houx porte-bonheur. « Je vais le pendre sous mon entrée pour le 1er de l’An et faire la bise, dessous, à tous ceux qui passent : les voisins, les amis, la famille. Et même mes ennemis », explique-t-il en souriant. Dès que les boules rouges si caractéristiques sont tombées, il retire la branche. Une autre cliente achète pour la décoration de la table. Son bouquet tou u vert et rouge viendra garnir un vase prévu à cet e et. Une autre encore compte o rir du gui à ses filles et ses petites-filles « qui n’en ont peut-être encore jamais vu ». Les retraités reviendront l’année prochaine : Dominique Arnaud sera toujours là. Il a 58 ans mais compte bien continuer jusqu’à 67 ans. Paraît-il que « quand on aime, on ne compte pas ».
Article de la Dépèche du 26 décembre 2024